Yann Gré - Avocat à Créteil - www.yanngre.com

dimanche 23 novembre 2014

Le Taux Effectif Global (TEG) de votre prêt immobilier est-il régulier ?


Selon certains experts, le Taux Effectif Global (TEG) de près d’un crédit immobilier sur deux serait erroné.

L’article L 313-1 du Code de la Consommation précise que « pour la détermination du taux effectif global du prêt, comme pour celle du taux effectif pris comme référence, sont ajoutés aux intérêts les frais, commissions ou rémunérations de toute nature, directs ou indirects, y compris ceux qui sont payés ou dus à des intermédiaires intervenus de quelque manière que ce soit dans l’octroi du prêt, même si ces frais, commissions ou rémunérations correspondent à des débours réels ».

L’article L.313-2 du même code précise que « Le taux effectif global déterminé comme il est dit à l'article L. 313-1 doit être mentionné dans tout écrit constatant un contrat de prêt régi par la présente section.

Pour la Cour de Cassation, l’absence de mention du TEG sur l’offre de prêt entraîne la nullité de la clause d’intérêt conventionnel.

Les Tribunaux considèrent que la mention du TEG exact est une condition de validité de la stipulation des intérêts, de sorte que, lorsque le TEG mentionné sur l’offre de  prêt est erroné, la stipulation d’intérêt est nulle et il convient alors de lui substituer le taux d’intérêt légal pour chaque période annuelle concernée, ce qui implique, pour le Prêteur, la restitution de la différence entre le taux d’intérêt légal, qui est actuellement de 0,04 % et le taux conventionnel.

Sur la durée d’un prêt, cela représente plusieurs dizaines de milliers d’Euros et parfois même, plusieurs centaines de milliers d’Euros.

Or, en pratique, il existe de multiples erreurs possibles dans le calcul du TEG.

Selon l’article L. 313-1 du Code de la Consommation, pour calculer le TEG, il faut ajouter aux intérêts, « les frais, commissions ou rémunérations de toute nature, directs ou indirects, y compris ceux qui sont payés ou dus à des intermédiaires intervenus de quelque manière que ce soit dans l'octroi du prêt, même si ces frais, commissions ou rémunérations correspondent à des débours réels».

Ainsi à titre d’exemple, et de manière non limitative, les frais suivants doivent être pris en compte dans le calcul du TEG :

- Les sommes versées aux courtiers en prêts immobiliers ;

- Le coût des garanties qui conditionnent l’octroi du prêt immobilier (frais d’hypothèque, frais d’information des cautions, privilèges … ) ;

- Le coût de la souscription d’une assurance-incendie, lorsqu’elle constitue une condition d’octroi du prêt ;

- Le coût des assurances emprunteurs (décès, invalidité…) ;

- Le coût de souscription d’un contrat d'assurance-vie, lorsqu’il est imposé par la Banque ;

- Les impôts, taxes et droits divers mis contractuellement à la charge de l'emprunteur ;

- Le coût des parts sociales dont la souscription est imposée par l’établissement prêteur comme condition d’octroi du prêt ;

- Les frais de dossier ;

- Les frais de notaire, dès lors qu'à la date de rédaction de l’offre de prêt, ces frais étaient déterminables ;

- Les frais d'adhésion à un organisme de cautionnement mutuel, lorsque cette adhésion est imposée par la Banque ; 

- De manière plus générale, tous les frais mis à la charge de l’emprunteur dans le cadre de la souscription du prêt immobilier.

En outre, pour la Cour de Cassation, les intérêts doivent être calculés selon l’année civile (365 ou 366 jours) et non selon une année bancaire fictive qualifiée d’ « année lombarde » de 360 jours.

Or, en pratique, les intérêts de très nombreux prêts sont calculés sur 360 jours.

En outre, beaucoup de contrats mentionnent en toutes lettres que ce calcul est effectué sur 360 jours.

C’est, notamment, le cas de TOUS les contrats de prêt immobilier qu’ont fait souscrire certaines banques à leurs clients pendant de nombreuses années.

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Dans toutes les hypothèses dans lesquelles le TEG est erroné ou les intérêts sont calculés sur 360 jours, les Tribunaux peuvent prononcer la nullité des clauses d’intérêt des prêts concernés, ce qui est susceptible de représenter une économie très importante pour l’emprunteur.

Si votre prêt est concerné, une négociation auprès de la Banque est possible.

A défaut d’accord et si toutes les conditions sont réunies, il est possible d’initier une action devant le Tribunal de Grande Instance, dont la durée prévisible sera d’environ un an, si tout se passe bien, étant rappelé qu’une action judiciaire est toujours, par nature, aléatoire.


Yann Gré, Avocat à la Cour

4 commentaires:

MAINGUET Arnaud a dit…

Bonjour Maître,

Nous venons de constater que sur le dernier avenant de notre prêt immobilier, les frais d'avenant ont été compté en double (une première fois dans le CRD, et une deuxième fois dans les frais et accessoires). Ce qui fait que le TEG est faux, car calculé sur la base d'un coût total du crédit faussé ! Mise à part la mention de TEG erroné, il n'y a pas à proprement parlé de préjudice financier pour nous (notre coût de crédit sera au final inférieur à celui annoncé) ! Savez-vous si ce type de cas peut être défendable juridiquement ? Merci d'avance, Cordialement

JURIDIBLOG - Le Blog Juridique a dit…

Cher Monsieur,

Pour des raisons liées au secret professionnel, il ne m'est pas possible de donner des consultations juridiques sur ce blog.

Si vous souhaitez que j'examine votre situation, je vous remercie de bien vouloir prendre contact avec mon Cabinet à cet effet.

Je peux toutefois vous préciser que selon de multiples décisions de justice, il importe peu que le TEG réel soit supérieur ou inférieur au TEG figurant sur l'offre de prêt ; s'il est différent, la nullité de la stipulation d'intérêt est encourue.

Croyez en l'assurance de mes sentiments dévoués.

Anonyme a dit…

bonjour monsieur

je vous remercie pour la grande qualité de vos renseignements et vous recommanderez.

cordialement
monsieur M. et madame F.

FD a dit…

Bonjour Maître,

Est-il possible de porter réclamation pour un prêt dont les intérêts ont été calculés sur 360 jours, mais qui a été après quelques années renégocié et racheté par un autre organisme ?
Bien cordialement.